Energies renouvelables : un rêve de pastèques et de babas cool ?

 Vertes à l’extérieur et rouges à l’intérieur

Tout le monde, ou presque, connaît les babas cool, ces dignes héritiers des hippies des années 70. Les pastèques, par contre, sont moins célèbres. D’après les courants libéraux, il faudrait parler d’écolos pastèques (watermelon environmentalists), pour désigner les thuriféraires d’une écologie pastèque (watermelon environmentalism), un courant de pensée soi-disant écologiste, mais qui, en réalité, serait communiste. Derrière les idées de réchauffement climatique et de transition énergétique se cacheraient le spectre d’un néo-communisme. Les libéraux en veulent pour preuve les tentatives faites pour instaurer divers impôts et taxes dites « écologiques ». Les énergies renouvelables (EnR) sont-elles uniquement le fantasme dangereux de quelques écolos et communistes attardés ou sont-elles déjà des réalités factuelles et chiffrables ?

Les EnR en quelques chiffres

19 % : telle est la part des EnR dans la consommation mondiale finale d’énergie pour l’année 2012. Un chiffre considérable si l’on s’y arrête quelque peu. En effet, il signifie que près d’une source sur cinq d’énergie provenait des EnR. Selon les projections de l’AIE (agence internationale de l’énergie), en 2020, la contribution des EnR à la production mondiale d’électricité atteindra 26 %, soit un quart. Notons qu’elle se montait déjà à environ 22%, en 2013 ; le pas à franchir n’est donc plus très grand. En France, 17, 1 % de l’électricité était déjà issue des EnR en 2013, selon les chiffres donnés par le Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie*. La loi sur la transition énergétique pour une croissance verte prévoit que la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité atteigne même, en 2030, 40%.

La progression inéluctable des EnR en France et dans le monde

A part changement géopolitique ou climatique majeurs, on ne voit pas ce qui pourrait entraver le développement de la croissance verte; d’autant que ces dernières années, l’innovation technologique a permis de réduire considérablement le coût d’exploitation de certaines EnR. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne le solaire photovoltaïque. Ainsi, depuis 5 ans, le prix des panneaux solaires en France a été divisé par 5 et le prix de leur pose par 2 !

Dans de nombreux pays (notamment Afrique du Sud, Brésil, Inde, Moyen Orient), le coût de production de l’éolien terrestre et du solaire photovoltaïque, a si fortement diminué que les énergies renouvelables en viennent à concurrencer les autres formes d’énergie. Au Chili, en Inde et en Afrique du Sud, elles sont en effet, aujourd’hui, moins chères que les formes traditionnelles d’énergie !

Les projections pour les EnR sont foncièrement optimistes. D’ici 2020, il est prévu que 700 GW (gigawatts) d’énergie verte soient installés dans le monde, dont 40 % en Chine. L’Inde n’est pas en reste, puisqu’elle table sur une multiplication par 20 de sa capacité électrique solaire d’ici à 2022 (de 5 à 100 GW). C’est dire que la progression des EnR paraît inéluctable. Rien ne semble pouvoir s’opposer à la montée en puissance des EnR. Mais leur avenir en France, pays du nucléaire, est-il aussi rose que le prétend le gouvernement actuel ? Sont-elles plébiscitées par l’ensemble des français ?

L’avenir des EnR en France

D’après une étude de l’ADEME (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), la production d’électricité par les EnR en France serait susceptible d’atteindre 1 268 TWh par an**. En 2010, 97 % des Français interrogés s’étaient déclarés favorables aux EnR***, avec une préférence marquée pour le solaire (61 %) et l’éolien (53 %), placés loin devant l’hydraulique (20 %) et la géothermie (20 %). La transition énergétique est donc en marche dans l’hexagone et ce n’est pas le nucléaire qui l’arrêtera.

En effet, d’après Damien Siess, directeur adjoint à la production et aux énergies durables de l’Ademe, « Les renouvelables sont aujourd’hui plus chères que le nucléaire, mais leur coût ne cesse de baisser. C’est l’inverse pour le nucléaire, qui est aujourd’hui peu cher mais dont le coût est à la hausse, en raison notamment des normes de sécurité exigées pour les nouveaux réacteurs comme l’EPR. ». Ce n’est pas le surcoût de la centrale de Flamanville, qui se chiffrera vraisemblablement à 7, 5 milliards d’euros, qui risque d’inverser la tendance.

 

* Ministère de l’Ecologie, du développement durable et de l’énergie, Repères-chiffres clés de l’énergie, édition 2014 (http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Chiffres_cles_de_l_energie_2014.pdf).

** Pierre le Hir, « En France, 100 % d’électricité renouvelable n’est pas plus coûteux que le nucléaire », in Le Monde.fr,‎ 9 avril 2015). Rappelons que 1 TW (térawatt) équivaut à 1000 GW (gigawatts)

*** Baromètre annuel de l’ADEME (Sondage effectué par BVA, basé sur 1012 entretiens téléphoniques passés auprès d’un échantillon de population représentatif, dans la période du 13 au 25 septembre 2010).

Michel Hervé
Michel Hervé
Michel Hervé est un vieux baroudeur de l'écologie qui s’intéresse de prêt à la transition énergétique et aux avancées technologiques permettant d'améliorer le développement durable. Journaliste pour libérons l'énergie, il vous fait profiter de son expérience sur le terrain.

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