Et si l’on parlait un peu de croissance…verte !

La transition énergétique n’est pas uniquement une question de respect de  l’environnement que nous lèguerons aux générations futures. Ni même une question de salut public. C’est aussi une question économique et géostratégique ; et une question qui s’avère complexe à l’analyse.

Status quaestionis

Quels sont aujourd’hui les acteurs supposés du changement climatique, sinon les pays possédant la plus grande puissance économique : la Chine et les Etats-Unis totalisent à eux seul 40 % des émissions de CO2 qui polluent l’atmosphère terrestre !

Si l’on compare la pollution de ces deux géants avec celles des trois grands autres pôles de puissance économique continentaux, à savoir : l’Europe, l’Inde et la Russie, la comparaison est éloquente : malgré l’immensité des territoires considérés et leur relative densité de population, ces territoires ne produisent que 21 % des émissions totales de CO2 qui sont projetées dans l’atmosphère. Leur part respective dans la pollution globale en CO2 est de 10 % pour l’UE, 6 % pour l’Inde et 5 % pour la Russie.

Au vu de ces chiffres, il apparaît que, dans le monde, il y a peu ou prou une corrélation entre le niveau de puissance économique et le niveau de pollution en CO2. Est-ce à dire qu’un pays ne peut prétendre au leadership mondial sans s’appuyer sur des industries excessivement polluantes ? La question est posée ; et, il est finalement assez simple d’y répondre, pour peu qu’on s’intéresse à la bonne donnée, à savoir : le coût de l’énergie.

Le coût de l’énergie

Aujourd’hui, bien que son prix ait été multiplié presque par 5 entre 2003 et 2008, le charbon reste encore, de facto, la source d’énergie fossile la plus rentable à exploiter, devant le gaz et le pétrole. A tel point que, d’après l’AIE (Agence Internationale de l’Energie), le charbon pourrait bien devenir la première source d’énergie dans le monde, dès 2017.

La comparaison du charbon avec les sources d’énergie non fossiles, qu’il s’agisse des énergies renouvelables (EnR) ou de l’énergie nucléaire, n’est évidemment pas à l’avantage de ces dernières. C’est que leur utilisation reste tributaire du développement technologique et, surtout, des aléas du marché ; elle a donc un coût plus élevé que celui de l’exploitation des énergies fossiles.

A cela s’ajoute parfois d’autres facteurs, si l’on considère une source d’énergie comme le nucléaire. Longtemps peu coûteuse, l’énergie nucléaire tend aujourd’hui à devenir moins compétitive sur le marché de l’énergie,  « en raison notamment des normes de sécurité exigées pour les nouveaux réacteurs comme l’EPR », ainsi que le constate Damien Siess, directeur adjoint à la production et aux énergies durables de l’ADEME*. Et il est presque inutile d’évoquer ici le surcoût induit par la prévention des risques géostratégiques et terroristes liés à l’exploitation du potentiel nucléaire. Aujourd’hui, de fait, les centrales nucléaires sont mieux protégées que les banques !

Quelques chiffres de l’économie verte en Allemagne et en France

L’écologie fait aussi partie des nouvelles orientations de l’économie des pays occidentaux. C’est particulièrement vrai de l’Allemagne, numéro 1 sur le marché mondial des biens servant à la protection environnementale, qui pèse, à elle seule, environ 16%. 1, 8 millions d’allemands vivraient de l’économie verte. La France elle-même n’est pas en reste, puisqu’en 2009, selon les statistiques de l’INSEE, 959 500 emplois étaient liés aux éco-activités ou à la protection de l’environnement.

L’économie verte peut donc être génératrice d’emploi et de croissance. La preuve, c’est qu’en France, malgré la crise de 2009, le nombre d’emploi dans les éco-activités a continué de croître de 4, 5 % sur la période 2009-2010, notamment grâce au développement de la filière photovoltaïque** et de loi obligeant les promoteurs à se mettre aux normes, le dispositif Pinel n’est par exemple accordé aux investisseurs qu’à la condition que le logement soit en RT2012. Cette performance pouvait laisser augurer des perspectives de croissance intéressantes dans ce nouveau secteur de l’économie marchande. Mais les derniers chiffres disponibles rendent moins optimistes. Ils montrent que, malgré une certaine constance de la valeur ajoutée des éco-activités (32milliards d’euros en 2012 et 31, 5 milliards d’euros en 2013), le nombre d’emplois dans les éco-activités en 2013 était en léger recul (-0, 3 %).

Pourtant, investir dans le Vert pourrait bien être demain la planche de salut d’un monde occidental profondément désindustrialisé et désabusé quant à ses propres perspectives de croissance économique.

* L’ADEME est l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie

** Définir et quantifier l’économie verte, Insee référence, édition 2012.

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